Résilience, un mot que nous entendons et utilisons souvent. Un mot qui se veut optimiste, tourné vers cet horizon lointain que nous souhaiterions moins incertain. Mais il résonne aussi à nos oreilles comme un mot qui nous engage dans la durée.
Durer, c’est bien là tout le problème. Combien de temps va-t-il encore falloir tenir ? Cette course folle que nous impose cette pandémie n’est pas une transat en solitaire voulue et choisie par des marins hors normes. Non, cette course est celle d’entreprises toutes catégories confondues qui engagent des femmes et des hommes dans cette aventure imposée qui s’apparente plus à une transat en équipe.
Équipe, le mot est lâché et sonne bien creux après tous ces mois passés en télétravail, temps partiel, présentiel alterné et autres procédés distanciels en mode hybride. Comment ne pas se sentir seul dans cet océan sans ciel, donc sans repaire ? Le doute s’installe à la fois chez les collaborateurs, le management et la direction. Une vague paranoïaque gagne certaines structures où le télétravail flirte dangereusement avec la télésurveillance. Il y a de quoi perdre pied, cette période est dure, génératrice de stress et de peurs. C’est là que le rôle de l’équipe prend toute sa dimension dans cet « ensemble » qui mobilise les forces, fédère et redonne sa place à l’humain. Il est urgent de réinsuffler cette confiance à nos équipes.
Tout d’abord en acceptant que dans les services il puisse y a voir des membres fragilisés par cette épreuve. Nous ne sommes pas tous égaux dans le vécu de cette pandémie. Certains sont en chômage partiel, d’autres travaillent à 200%. Donnons-leur un espace de discussion et d’écoute. Par ce type d’action, l’entreprise signifie à ses collaborateurs qu’elle reconnait pleinement le niveau de tension qu’ils peuvent endurer. Renouons ce lien d’appartenance à l’entreprise tellement distendu, en signifiant à chacun qu’il est une valeur intégrée et non ajoutée.
Pour cela il faut repenser la fonction management dans sa vocation d’écoute, d’accompagnement et d’enrichissement. Nos managers ne sont pas tous préparés à cela. Eux aussi subissent cette pandémie et ont besoin d’être aidés dans cette transformation de la fonction. Cette remise à plat des modes de fonctionnement n’est pas simple mais elle doit être faite. En effet comment amener à l’écoute quand nos bureaux sont fermés ? Ils le sont physiquement aujourd’hui mais bon nombre de portes l’étaient déjà hier. Le point positif de cette pandémie est qu’elle fait toucher du doigt la difficulté d’écouter derrière nos ordinateurs. Comment je peux numériquement me rendre présent à l’autre ? Comment lui signifier que ma porte est ouverte pour échanger ?
Il est donc vital de restituer l’écoute pour mieux accompagner… la résilience.
Là encore nous ne sommes pas tous des marins au long cours, la distance à parcourir est loin d’être connue. Comment gérer l’effort, les ressources et la motivation sans un port d’arrivée ? Plus que jamais nos managers doivent accompagner dans la durée pour que les équipes soient en mesure de s’adapter en permanence et se réinventer.
La résilience ne fait pas écho à l’instinct de survie mais à la création. Le manager doit être un catalyseur d’enrichissement des actions menées et des idées à venir, en animant et en faisant vivre l’intelligence collective.
Avec ma fille Astrid, nous avons créé OPERTURA, qui met l’art au service de l’intelligence collective, parce que nous croyons à la place prééminente de l’humain dans l’entreprise. Nous espérons très sincèrement que cette réflexion sur la résilience vous confortera dans vos idées et contribuera à aller de l’avant. Nos pensées vont aussi à l’ensemble des chefs d’entreprise et aux fonctions RH et Com interne qui font face depuis bientôt un an à une situation si particulière et anxiogène. Toujours sur le pont, ils incarnent bien ce mot « résilience ».
À toutes et tous bon vent, gardez le cap.
Guillaume Régnauld